REDES- Revista hispana para el análisis de redes sociales
Vol.16,#6, Junio 2009
http://revista-redes.rediris.es

Relations sociales et parcours biographiques: vers une approche compréhensive des modes d’influence[1]

Sylvain Bourdon, ÉRTA, Université de Sherbrooke[2]

 

Resumen

El objetivo del presente texto es proponer algunos elementos para un enfoque comprensivo de la influencia de las relaciones sobre las trayectorias biográficas. El análisis se apoya en los datos de un estudio longitudinal sobre el papel que desempeñan la familia y las redes en la perseverancia en los estudios, realizado con 96 jóvenes que inician su trayectoria postsecundaria. En lugar de abordar la influencia en términos de características sociales, o a partir de un enfoque estructural de las redes, proponemos aquí tratarla bajo el aspecto de las relaciones sociales y el sentido que toman éstas para los sujetos. Este enfoque permite examinar de qué manera se traman la influencia en la relación y la relación en la influencia, aclarar mejor ciertas dinámicas de las relaciones en un contexto de bifurcación biográfica, y esclarecer el papel que desempeñan las relaciones en la agentividad de los individuos. También permite resaltar el papel importante que desempeña la historia compartida en las relaciones sobre la trayectoria biográfica.

Palabras clave: Redes sociales – Influencia – Selección – Perspectiva biográfica.

Abstract

This paper aims at proposing some elements of a comprehensive approach for the study of influence of social relationships on the lifecourse. The analysis uses data from a longitudinal study on the role of family and network in the lives of 96 young adults at the beginning of their postsecondary education. Instead of looking at influence from a structural perspective, we try to approach it in terms of social relationship and the meaning they have for the young people. This perspective allows us to considerate how the influence is woven in the relationship, which in return is woven into influence, and to examine certain dynamics of relationships in the context of biographical crossroads that reveals the interactions between agency and networks. It also puts the focus on the importance of shared history in the influence of relationships on the lifecourse.

Key words: Social Network – Influence – Selection – Lifecourse.

Résumé

Ce texte a pour objectif est de proposer quelques éléments d’une approche compréhensive de l’influence des relations sur les parcours biographiques. L’analyse proposée prend appui sur les données d’une étude longitudinale du rôle de la famille et des réseaux sur la persévérance aux études menée auprès de 96 jeunes en début de parcours postsecondaire. Plutôt que d’aborder l’influence en termes de caractéristiques sociales ou à partir d’une approche structurelle des réseaux, nous proposons ici de la traiter sous l’aspect des relations sociales et du sens qu’elles prennent pour les sujets. Cette approche permet d’examiner comment se trament l’influence dans la relation et la relation dans l’influence, de mieux éclairer certaines dynamiques des relations en contexte de bifurcation biographique et d’éclairer le rôle des relations dans l’agentivité des individus. Elle met aussi en lumière le rôle important de l’histoire partagée dans l’influence des relations sur le parcours biographique.

Mots clés: Réseaux sociaux – Influence – Sélection – Perspective biographique.

 

Introduction

La question de l’influence des relations sociales sur les parcours de vie des individus, en plus de son intérêt théorique, a une pertinence toute particulière pour une sociologie interpellée par la pratique, dans le cadre notamment du soutien aux populations précarisées ou susceptibles de l’être. On pense ici aux interventions qui, voulant éviter la prise en charge, ses aspects infantilisants et les problèmes qu’elle engendre en retour, cherchent à agir sur le tissus social et la prise de pouvoir des personnes. Cette perspective est aussi très porteuse pour l’étude de la jeunesse, un âge de la vie marqué, justement, par une forte tension entre dépendance et autonomie, et qui est aussi la cible de nombreuses interventions sociales. La jeunesse offre d’ailleurs un terrain d’étude particulièrement fertile pour examiner l’influence car les jeunes peuvent être particulièrement mobiles, tant du point de vue relationnel que social. En fait, on peut aisément penser que ce n’est pas une coïncidence qu’ils le sont sous ces deux aspects à la fois.

L’objectif de ce texte est de proposer quelques éléments d’une approche compréhensive de l’influence des relations sur les parcours biographiques. Entre les analyses de structures sociales, qui posent les contraintes macrosociales en déterminants des actions individuelles, et les conceptions phénoménologiques qui tendent à négliger le rôle des contextes sociaux, cette proposition vient complémenter les analyses des relations et des réseaux sociaux qui s’intéressent aux liens et aux interactions entre individus. Cette proposition s’inscrit en complément des analyses quantitatives et structurelles des réseaux sociaux qu’elles visent à enrichir en insistant sur le rôle des échanges dans les relations sociales et sur le sens qu’elles prennent pour les sujets. L’influence est abordée ici comme un mécanisme relationnel, et l’approche compréhensive permet d’examiner comment se trament l’influence dans la relation et la relation dans l’influence, de mieux éclairer certaines dynamiques des relations en contexte de bifurcation biographique et d’éclairer le rôle des relations dans l’agentivité des individus. Elle met aussi en lumière le rôle important de l’histoire partagée dans l’influence des relations sur le parcours biographique.

Les propositions de ce texte prennent appui sur l’analyse des données de l’enquête Famille, réseaux et persévérance au collégial (Bourdon, Charbonneau, Cournoyer et Lapostolle, 2007)[3] qui vise à documenter les parcours d’entrée aux études postsecondaires dans la perspective des réseaux sociaux et de l’interaction entre les différents calendriers d’événements (familial, amoureux, scolaire, professionnel, résidentiel) qui construisent le passage à la vie adulte. Le protocole de l’enquête et son instrumentation ont été inspirés par le panel Sociabilité et insertion sociale mis en place en 1995, à Caen, par Claire Bidart, Alain Degenne, Lise Mounier et Daniel Lavenu (Bidart, Mounier, Pellissier, 2002)[4].

La première cohorte de l’enquête Famille, réseaux et persévérance au collégial a débutée avec 96 jeunes de 17 à 23 ans ayant enregistré une première inscription à l’automne 2004 dans l’un des trois établissements associés au projet. Ces jeunes gens ont accepté de participer à un suivi longitudinal qui consistait à dresser un inventaire de leur réseau social et un calendrier d’évènements puis à participer à un entretien semi-directif. Ce dernier permet, à chaque vague, d’aborder les liens entre les événements recensés au calendrier, le sens et les représentations associés aux changements survenus entre les périodes et aux choix effectués et à leurs impacts, les transformations du réseau, l’évolution de la qualité des relations au sein du réseau, les questions de négociation autour de l’accès à certaines ressources, la satisfaction générale par rapport au parcours scolaire, aux autres événements du calendrier et aux relations dans le réseau social. Les données présentées ici sont extraites des trois premières vagues d’enquête qui ont été réalisées à la rentrée de l’automne 2004 (N=96), au printemps 2005 (N=86) et à la fin de l’automne 2005 N=84).

L’enquête utilisée nous portera à nous intéresser principalement aux bifurcations scolaires des jeunes gens, mais les propositions de compréhension qui s’en dégagent sont susceptibles d’éclairer les processus d’influence à l’œuvre chez des sujets et dans des contextes beaucoup plus diversifiés.

Biographie et influence

L’influence du social sur les parcours de vie peut être mise en tension avec le potentiel agentique des individus, soit leur capacité à influer sur le cours de leur existence, par devers les déterminismes et les effets de conjoncture. La perspective biographique (Life course) considère les individus engagés dans des séquences d’événements chronologiquement normés, des environnements et rôles sociaux structurés par des institutions sociales. Elle permet d’examiner la capacité, pour les individus, d’influencer le cours de leur vie, d’individualiser leurs trajectoires en les affranchissant des normes et rituels établis, face au risque et à l’incertitude (Rudd et Evans, 1998; Wynn et Dwyer, 1999). Selon cette approche, les transitions vécues par les individus sont toujours inscrites dans des parcours qui leur donnent une forme et un sens distincts. Un des principes de l’approche biographique énoncés par Elder (1998) est que les vies sont interdépendantes et que les influences sociales et historiques sont exprimées et perçues à travers des réseaux de relations partagées (Charbonneau, 2005).

Plusieurs travaux empiriques ont mis en évidence l’influence des réseaux sociaux sur les individus et les collectifs. La psychosociologie s’est intéressée aux mécanismes de formation de l’opinion, de diffusion de la rumeur ou de normes dans les groupes. Par exemple Rojas et Howe (2004) ont isolé l’effet de la structure du réseau social dans l’influence qu’un individu peut avoir à l’intérieur d’un groupe lors de la formation d’une opinion. D’autres ont mis en lumière le rôle important des réseaux dans la diffusion de l’innovation (Grossetti et Bès, 2001). On a aussi observé maintes associations entre la structure des réseaux et les comportements, comme dans les récents travaux de Christakis et Fowler (2007 ; 2008) sur l’influence du réseau sur la propagation de l’obésité et du tabagisme. Malgré cette mise en évidence des associations, on comprend encore mal comment se joue, au niveau des mécanismes d’interaction et du sens donné par les individus aux relations, l’influence des réseaux sur les parcours de vie, et notamment les interactions entre les processus de sélection et d’influence qui trament l’évolution des réseaux de relations et les parcours de vie.

Mais qu’est-ce alors que l’influence ? Le dictionnaire général Robert en donne des définitions intéressantes. Au premier titre, l’influence est un « Flux provenant des astres et agissant sur les hommes et les choses ». Elle peut aussi être une « Action qu’exerce une chose, une situation, sur quelqu’un ou quelque chose » en spécifiant que cette action, lorsqu’elle exercée par une personne, peut être volontaire ou non. Cette notion de flux est ici intéressante, particulièrement dans son imprécision et du caractère quelque peu ésotérique qu’elle peut connoter. On pense à un courant, un fluide, une « énergie », mais sans avoir une idée nette de ce qui est transmis, ni comment, ni pourquoi. Les travaux qui mettent en évidence des associations statistiques entre la structure des réseaux sociaux et les comportements ou valeurs des individus, quoiqu’éclairants à maints égards, ne permettent pas de déboucher sur une compréhension de l’influence en tant que source de sens pour les sujets. Ils mettent en évidence les structures, parfois les échanges, mais négligent la perspective des sujets sur l’articulation entre la conduite de leurs vie et leurs relations.

Figures de l’influence

S’intéresser à l’influence dans le cadre des parcours de vie, c’est s’intéresser aux ingrédients de l’action. Michel Grossetti (2004) offre une classification très intéressante des ressources cognitives en tant qu’ingrédients de l’action en cinq catégories : les finalités, les valeurs, les routines, les affects et les théories. Parmi celles-ci, il avance que « Les finalités apparaissent comme un des ingrédients les plus flexibles ou instables de l’action, un des plus sensibles aux contingences. C’est aussi un des enjeux importants de la liberté d’action des uns et des tentatives de contrôle des autres. » (p. 86). Il n’est donc pas surprenant de retrouver les finalités, qu’on peut aussi ramener au concept de projet (Bidart et Lavenu, 2001; Boutinet, 2005), au fondement d’une approche compréhensive de l’influence.

Si on examine l’influence du point de vue des finalités des acteurs en présence, trois figures s’imposent qui marquent alors autant de temporalités de l’influence. La première figure consiste, pour un sujet, à être inscrit dans l’histoire d’un autre. Cette inscription peut rencontrer ou non des résistances, comme pour le jeune sur qui pèse le projet (scolaire, professionnel, familial…) de ses parents, de sa lignée. C’est le cas d’Aurélie, la première de sa famille à fréquenter les études postsecondaires et qui ressent de manière particulièrement aiguë la mission de pionnière qui lui est confiée par la famille à titre d’étudiante de première génération[5].

Aurélie - Tu sais, je suis la première de la famille et tout. […] Tu sais, ça me met de la pression là. Depuis que je suis petite, je veux être bonne à l’école. Je veux être ci, je veux être ça, je me dis qu’il faut que je sois de même parce que sinon, ils ne seront plus fiers, tu sais. Comme là, tu sais, c’est sûr, je vais aller à l’université, ça c’est garanti là. Je ne lâcherai pas l’école c’est certain en tout cas. […] Sauf que tu sais, je suis peut-être passée à côté d’une technique ou d’un DEP parce que je me disais «Il faut que j’aille à l’université parce que, tu sais, eux, ils veulent que j’y aille là».

La seconde figure est, en partie, le miroir de la première : l’inscription d’un autre dans son propre projet, dans sa propre histoire. C’est le cas des enfants ou autres dépendants, mais aussi des relations amoureuses et de plusieurs relations amicales fortes (Ferrand, 2006). L’exemple de Marjolaine est éloquent à cet égard. Fille de parents qui n’ont pas étudié au postsecondaire, elle débute ses études collégiales après avoir obtenu des résultats scolaires plutôt faibles au secondaire. Lors du premier entretien, elle dit que son choix d’étude est très influencé par ses amis et celui de son copain Julien, qui suit le même programme qu’elle, mais qui est peu investi dans ses études. Lorsqu’on la retrouve au printemps suivant, elle est avec Joël, un étudiant universitaire. Tout au long de l’entretien, on constate que ses choix sont très influencés par le parcours de son nouvel amoureux et qu’elle lui attribue une part importante de contrôle sur son propre parcours.

Marjolaine - [Q : Et tes études?] Ben, j’espère que je vais continuer, dans le fond. [Est-ce qu’il y a tu un risque que tu changes ou que tu abandonnes ? Y a-t-il des événements qui pourraient amener ça?] Je ne pense pas, pas pour l’instant en tout cas.  À moins que mon chum…  Bien dans le fond, si quelque chose lui arrive et…  On va dire qu’il faut qu’on déménage quelque part ou bien…  Moi, je le suivrais, c’est sûr là.  Donc ça serait ça.  Je pense que c’est la seule affaire qui pourrait arriver là.

Marjolaine «espère » continuer, si le parcours de Joël lui en donne l’occasion. On peut penser que si elle était restée avec Julien, moins studieux que Joël, son parcours collégial aurait eu plus de risque de s’interrompre. D’ailleurs, elle avoue à notre troisième rencontre, alors qu’elle persévère à la fois dans ses études collégiales et dans sa relation avec Joël, qu’elle a pensé quelques fois à interrompre ses études, ou du moins à changer de programme, et qu’elle compte beaucoup sur le soutien des autres pour l’aider à tenir la route.

Marjolaine - C’est sûr que j’en parle souvent avec mes parents, mon copain puis tout ça, pour savoir, pour qu’ils m’aident là. Parce que toute seule, parfois c’est dur. Bien abandonner, je niaise parfois «Ah, moi je lâche l’école. Je suis tannée là!». Mais tu sais, ce n’est jamais vraiment… Tu sais, je ne le ferais pas là, je pense, à moins que quelque chose arrive. Mais sinon, je ne le ferais pas.

Ces deux premières figures, l’inscription dans l’histoire de l’autre et l’inscription de l’autre dans son histoire, se situent dans une temporalité qui fait le pont entre le passé et le futur en élaborant une histoire commune, déjà bien établie, ou en devenir, par exemple dans le cas des enfants à naître ou des relations fortes naissantes.

L’importance de l’histoire partagée dans ces relations est primordiale. Elle crée de la similitude là où peuvent néanmoins persister des différences. Elle crée aussi de l’attachement, source d’engagement réciproque, un aspect fondamental de toute relation sociale (Finch et Mason, 1993 ; Grossetti, 2008). Dans la biographie, donc, se trame l’histoire, et dans le partage se noue, s’élabore et se confirme la relation.

A l’opposé, la troisième figure est ancrée dans le présent, voire l’instant. C’est celle de la relation de passage, par définition peu inscrite dans l’histoire mais susceptible d’ouvrir des portes vers de nouveaux horizons et d’étendre le répertoire des possibles. On a pu, par exemple, identifier un cas particulier de cette figure que plusieurs jeunes gens désignent spontanément comme leurs « amis d’école », ces pairs, fréquentés dans le cadre scolaire, et qu’on perd de vue, sans regret ni joie, en changeant d’école ou la quittant. Parce qu’ils ont des histoires différentes, chacun est susceptible d’ouvrir « petit monde » (Bidart et Lavenu, 2004) fait de ses propres connaissances, expériences, idées et relations. Ils offrent, par leur diversité d’origine, d’expériences et d’intérêts, et en vertu de la fugacité potentielle de ce type de relation, l’occasion d’explorer, sans trop s’y compromettre, des univers multiples et, par là, approfondir sa démarche de construction identitaire.

La relation de passage, c’est aussi la relation « fonctionnelle » qui peut s’établir entre les intervenants et certaines populations. Dans le cas des collégiens, ce peut être le personnel enseignant qui, dans un moment de questionnement, ou devant un problème spécifique, pourra être engagé un certain temps dans un échange susceptible d’avoir un effet important sur le parcours du jeune. Alors que dans la plupart des cas ces relations demeurent à la limite du personnel et ne suscitent pas d’engagement réel, on a pu constater dans le cadre d’autres enquêtes auprès de populations vulnérables (Charbonneau, 2003), que certains sujets vivant dans des conditions de précarité et d’isolement social important tendent à intégrer les intervenants dans leur histoire et leurs réseaux de relations significatives.

Les analyses menées sur l’évolution du projet professionnel des jeunes dans le cadre de notre enquête (Cournoyer, 2008) montrent que les relations qui sont les plus imbriquées dans l’histoire des sujets sont typiquement sources d’une influence qu’on peut qualifier de « convergente ». Elles renforcent un projet déjà présent et sont sources de sécurité et de soutien affectif. Les relations moins chargées d’histoire pour leur part ont davantage une influence divergente et, éventuellement, déstabilisante pour les jeunes en mettant au défi leurs conceptions et en les ouvrant vers d’autres futurs possibles.

Changements et relations

Comme le rappellent Steglich, Snijder et Pearson (2007), le constat selon lequel les individus qui se regroupent ont tendance à partager les mêmes caractéristiques, que ce soit en termes de comportements, d’attitudes ou de valeurs, a donné lieu à des interprétations théoriques divergentes. On y voit d’une part à l’œuvre un mécanisme de sélection selon lequel la similitude, par le biais des affinités électives, favorise la construction et le maintien du lien selon le vieil adage « qui se ressemble s’assemble » (McPherson et Smith-Lovin, 2001). Dans le même ordre d’idée, Kalish et Robins (2006) ont mis en lien les caractéristiques d’ensemble (fermeture et trous structurels) des réseaux égocentriques et certaines prédispositions psychologiques de leurs sujets d’enquête. On peut aussi y voir à l’œuvre des mécanismes d’influence par lesquels les positions du groupe se diffusent parmi ses membres (Friedkin et Johnsen, 1999; Friedkin, 2001). C’est le cas des modèles psychosociologiques, notamment, qui cherchent à déterminer comment se forme l’opinion dans des petits groupes, mais mettent de côté la question de la formation des groupes eux-mêmes.

Toutefois, on accepte de plus en plus le fait que les processus d’influence et de sélection sont entrelacés dans le parcours des individus. Giordano (2003) par exemple évoque, avec d’autres, le « good girl friend effect » sur les criminels et invite à des recherches plus poussées afin d’arriver à distinguer lequel entraîne l’autre, le changement de comportement ou la relation. De rares propositions, comme celle de Steglich et al. (2007), tentent de démêler, au plan statistique, l’écheveau de la sélection et de l’influence dans l’évolution des réseaux sociaux. Les résultats obtenus jusqu’ici avec ces modèles complexes confirment l’idée que la sélection et l’influence sont dans les faits étroitement interreliés et que, s’il est en partie possible de les distinguer, l’explication d’une importante part des variations observées demeure élusive. De plus, ces modèles, à l’instar des autres modèles structuraux, négligent de prendre en compte la dimension socialement construite du lien social qui donne leur sens, et de là certaines caractéristiques particulières en termes d’attachement et de stabilité, à certaines relations. Dans les sociétés occidentales, le lien de sang distingue une classe de relations qui n’ont pas les mêmes caractéristiques que les autres du point de vue des processus de sélection. Le coût associé à la rupture d’une relation entre un sujet et son parent est très différent de celui imputable à la plupart des ruptures amicales. Il en va de même pour certaines relations contractuelles, comme le mariage ou l’adoption d’enfants, qui soutiennent une forme de pérennité qui n’est pas prise en compte par les modèles strictement réticulaires. Les analyses de réseaux sociaux négligent aussi souvent la part de pouvoir associé à certaines relations et les asymétries qu’elle peut générer au plan de l’obligation. On pense ici aux relations entre patron et employés ou entre intervenants et bénéficiaires de services publics.

Par-delà cette distinction entre sélection et influence, et comte-tenu de leur étroite imbrication, il apparaît intéressant, plutôt que de tenter de déterminer dans quel domaine, comportemental ou relationnel, s’initie la bifurcation (Grossetti, 2004), de comprendre comment les deux s’imbriquent et comment la roue du changement se met à tourner dans un sens ou dans l’autre, comment elle ralentit ou s’accélère. L’étude des modes d’influence se superpose alors avec celle des modes d’entrée et de sortie de relations, des accès et des mises à distance de l’autre dans l’histoire du sujet, bref des points d’inflexion dans le parcours biographique et relationnel.

Les points d’inflexion

Pour appréhender ces points d’inflexion, on peut emprunter au domaine musical le concept de dissonance qui désigne «la discordance d’un ensemble de sons produisant une impression d'instabilité et de tension, et nécessitant une résolution». Friedkin (2001), qui étudie la formation de la norme dans les réseaux rappelle que celle-ci sert notamment à réduire l’incertitude et le conflit dans les interactions sociales par le biais d’une modification de l’attitude ou de l’opinion. On considérera donc que la dissonance dans une relation est d’autant plus susceptible de susciter des tensions qu’elle touche à l’histoire partagée des sujets compte-tenu du rôle important de cette dernière dans l’existence même de la relation. A l’inverse, dans le cas des relations sans histoire, c’est plutôt son contraire, la consonance, qui, avec la durée, peut favoriser les rapprochements. Lorsqu’une dyade s’inscrit dans l’histoire partagée, la dissonance appelle forcément une résolution.

Une part importante des interactions visant à gérer cette dissonance est fondée sur des discussions et échanges de vues entre les protagonistes. Ces interactions, autour des possibilités de bifurcations dans la vie des sujets, sont susceptibles d’ouvrir sur des changements d’attitudes ou de projets tant chez ego qu’alter. On retrouve ainsi trois façons principales de gérer la dissonance avec un proche. Elles consistent à se rapprocher de l’autre (converger), à rapprocher l’autre de soi (faire converger) ou à s’éloigner de l’autre (modifier la relation). L’exemple de la relation avec les parents lorsque survient la possibilité d’interruption des études illustre bien cette dynamique. Emmanuelle raconte comment s’est effectuée la négociation de sens avec sa mère atour de son projet d’interruption d’études. L’enjeu pour elle est alors d’autant plus important qu’ils lui fournissent gîte et couvert, un arrangement fondamentalement tributaire de la poursuite de sa scolarisation.

Emmanuelle – [Q : Quand tu as dit à ta mère que tu voulais laisser l’école pour un moment, est-ce qu’elle t’a appuyée?] Au début non, elle ne voulait pas. Elle ne voulait vraiment pas parce qu’elle avait peur que je ne revienne pas au cégep. Parce que là, j’avais dit que je voulais lâcher le cégep et j’ai commencé à travailler et tout ça. Là, elle m’a dit: «Bien tu sais, je ne pense pas que ça serait mieux. Ça va être une étape de ta vie. Tu vas avoir appris pendant ce temps-là.» Puis c’est là que j’ai dit: «Maman, je n’ai pas besoin d’attendre d’avoir zéro partout pour savoir que ça ne va pas là.» On a eu une fête en fin de semaine, puis là elle a bien vu que ça ne marchait pas. Que je n’étais pas comme d’habitude, et là, elle m’a dit:  «Arrête de te stresser avec ça. C’est correct si tu as lâché le cégep. Tu as lâché le cégep » […] Là, j’ai l’appui entier de mes parents. Vraiment, ils m’appuient, et j’ai laissé comprendre que je ne veux pas lâcher, ce n’est pas un décrochage scolaire. Pas du tout. C’est parce que je ne vais pas bien.

On constate comment la négociation de sens entre Emmanuelle et ses parents, sur ce qui était au départ envisagé comme un abandon de sa scolarité, a transformé ce projet en simple interruption, ralliant alors sa mère à son projet tout en résolvant la dissonance entre leurs versions de l’histoire d’Emmanuelle. La dynamique d’influence ne peut donc être comprise à sens unique. Les transactions autour des projets de vie, de l’interconnexion des histoires individuelles, peuvent être résolues tant par une modification du projet de ego que par la réification de cette bifurcation aux yeux d’alter. L’impossibilité de ce faire pourra entraîner de la souffrance ou un éloignement, voire une rupture dans la relation. De nombreux changements dans les réseaux ont d’ailleurs lieu en conséquence – ou même en anticipation – de bifurcations. Le cas de Véronique est intéressant pour illustrer ces différentes interactions.

Véronique

Véronique est originaire d’un milieu modeste, ses parents sont tous deux présents dans son réseau, sans être qualifiés d’intimes (Tableau 1).

Alter

Vague 1

Vague 2

Vague 3

Scolarité

Père

Emploi

Emploi

Emploi

Postsecondaire et +

Mère

Emploi

Emploi

Emploi

Secondaire

Frère

Études

Études

Études

Secondaire

Conjoint de mère

Emploi

Emploi

Emploi

Secondaire

Simon

Études*

Études*

Études*

Postsecondaire et +

Carine

Études*

Études*

Études

Secondaire

Audrée

Petit boulot*

Petit boulot*

Études

Secondaire

Stéphanie

Études

Études

Études

Postsecondaire et +

Nathan

Études

Études

Études

Secondaire

Joël

Petit boulot

Petit boulot

Petit boulot

Secondaire

Johanie

Études

Études

 

Postsecondaire et +

Mylène

Études

Études

 

Postsecondaire et +

Virginie

Études

Études

 

Secondaire

Gabriel

Petit boulot

Petit boulot

 

Secondaire

Anne

Études

 

 

Postsecondaire et +

Adam

Études

 

 

Postsecondaire et +

Cyndi

Études

 

 

Postsecondaire et +

Maxime

Études

 

 

Postsecondaire et +

Émilie

Études

 

 

Postsecondaire et +

Eugénie

Études

 

 

Secondaire

Alexandre

Petit boulot

 

 

Secondaire

Mathieu

Petit boulot

 

 

Secondaire

Éric

 

Études*

Études*

Postsecondaire et +

Judy

 

 

Études*

Postsecondaire et +

Vicky

 

 

Études*

Postsecondaire et +

Christophe

 

 

Études*

Postsecondaire et +

Jessica

 

 

Études

Postsecondaire et +

Yannick

 

 

Études

Postsecondaire et +

 

 

 

 

 

Total des membres

22

15

16

 

intimes

3

4

5

 

 

 

 

 

 

Études

14

9

12

 

Emploi

3

3

3

 

Petit boulot

5

3

1

 

 

 

 

 

 

Secondaire

12

9

7

 

Postsecondaire et +

10

6

9

 

*= Alter qualifié d’intime

Tableau 1. Le réseau de Véronique.

 

Lors de son entrée au cégep, son réseau compte vingt-deux membres dont trois personnes importantes et cinq de ses amis ont quitté les études, le plus souvent pour des petits boulots, ce qu’elle déplore.

Moi, je n’ai pas vraiment beaucoup d’amis qui sont au cégep, mais j’en ai qui pensent à y aller, c’est déjà ça

Dès le printemps suivant, en vague 2, on constate que son réseau, qui n’était déjà pas très étendu au départ, se rétrécit à quinze membres[6]. Elle parle alors de faire le ménage dans ses relations pour mieux se concentrer sur ses études et son emploi à temps partiel qui accaparent de plus en plus de son temps.

Ben, j’ai fait le ménage. […] Ça fait du bien. Je suis contente parce qu’il y a moins de monde avec qui je partage des choses. Ça faisait beaucoup de monde à gérer toute seule. Je suis contente parce que ça je me rendais compte que des fois je me sentais comme entourée de trop de monde pour ce que je pouvais donner.  Là, ça fait que j’ai moins de personnes…

Véronique resserre ainsi son réseau pour se concentrer sur ses relations intimes. Parmi les personnes qui disparaissent, toutes sont âgées de 17 à 20 ans et plusieurs ont interrompu leurs études après le secondaire. Malgré cela, son investissement scolaire est toujours en fragile équilibre avec le maintien des liens qu’elle pose comme importants pour elle. On sent le temps consacré à la sociabilité comme une ponction sur le temps d’études.

Je vois plus mes amis proches qu’avant, pis les autres ils ont pris l’champ là.  Dans le fond c’est juste ça. […] Des fois, je n’ai pas nécessairement le temps de les voir, mais vu que c’est mes amis proches, j’ai le goût des voir, j’ai le goût de parler avec eux.  Peut-être que pour ça je perds un peu de temps dans mes travaux ou je me retarde là. 

Cet élagage qu’elle exerce sur son réseau d’amis se joue différemment avec la famille. Ses parents ne vivent plus ensemble depuis un bon moment. Sa mère vit avec un nouveau conjoint et tous deux ont une scolarité de niveau secondaire. Selon Véronique, sa mère appuie peu ses efforts scolaires, ce qui les met en forte dissonance au regard des sa situation actuelle et de ses projets. Sa mère ne comprend pas sa situation d’étudiante, les efforts qu’elle doit fournir, l’importance qu’elle accorde au travail scolaire, pas plus qu’elle ne comprend ou qu’elle soit en mesure de lui fournir les conditions nécessaires à sa réussite.

C’est pour cette raison que, dès le début des études collégiales, elle choisit de résider uniquement chez son père après avoir vécu la garde alternée pendant plusieurs années.  Pourtant, jusqu’à la troisième rencontre, elle dit tenter d’intéresser sa mère à ses études, de tenter un rapprochement, mais sans réel succès. Tout au plus constate-t-elle que cette dernière en tire une certaine fierté lorsqu’elle devient convaincue que Véronique se destine à des études universitaires. Véronique rejette alors cet aval de sa mère qui lui semble trop superficiel et trop tardif.

Comme là, j’ai bientôt fini mon DEC, et elle me dit, elle dit à tout le monde «Ah, c’est grâce à moi» et tout ça.  Mais ce n’est pas grâce à elle. Elle ne m’a jamais encouragée, mais on dirait qu’elle se donne tout le crédit une fois que c’est fait.  Elle ne croit pas en moi, que je peux le faire, mais quand je l’ai fait elle a plus le choix de se dire «Ah bien c’est vrai, t’es capable».  C’est vraiment toujours ça avec ma mère.

L’attitude de son père paraît différente. Bien que distant et minimalement engagé dans le soutien scolaire de Véronique lors de son entrée au collège, il l’appuie de plus en plus, au point de lui offrir d’installer pour elle un appartement, dans le sous-sol de sa maison où elle habite toujours lors de notre troisième rencontre, pour soutenir son entrée à l’université.

En vague 3, tous les amis et les connaissances mentionnés dans son réseau qui compte maintenant seize membres sont aux études à l’exception de Joël, un ami d’enfance qui a quitté l’école sans diplôme secondaire et qu’elle ne voit que très rarement (Figure 1). Elle a conservé une relation privilégiée avec Simon, qui était son amoureux depuis plus de trois ans en vague 1 et avec qui elle a rompu au cours de sa première année au cégep, car ils partagent des objectifs scolaires communs qu’elle considère des plus inspirants. Elle dira en vague 3 :

Lui, je le vois un peu comme un modèle dans le sens qu’il a un an de plus que moi, il étudie en Droit, et ça se rapproche peut-être un peu de ce que moi je veux faire. Ça fait que c’est sûr que…  je vois qu’on a des intérêts communs face aux études là.

Véronique semble avoir réussi à se façonner un environnement social à l’image de ses ambitions scolaires.

Bien, j’ai des amis qui sont rendus à l’université aussi, et je pense que ça me motive à y aller un peu de retrouver ce monde-là, parce que je suis quand même bien avec eux.  C’est tous des amis. […] Si je pouvais, je ferais des études jusqu’à fin de ma vie. Mais je pense que c’est vraiment parce que je ne veux pas reproduire ce que mes parents ont fait.  Mon père moins, mais ma mère a un Secondaire V, et elle en arrache dans la vie, pas à peu près là.  Et j’ai pas envie de reproduire ça.  C’est vraiment ce qui me motive pour aller à l’école. Et aussi mon entourage, mes amis et tout, ça fait partie de leur cheminement de vie. Ça fait que pour moi, c’est un peu comme impensable de ne pas y aller. 

Cet entourage s’est composé en rupture avec l’héritage parental, maternel surtout, et en réaction contre lui. Mais il s’est aussi composé en précurseur d’un projet de scolarisation qu’il est venu peu à peu confirmer, affirmer et consolider, au point de le rendre, dans son esprit, inéluctable alors qu’il n’était pas à l’origine des plus probables.

Figure 1. Vague 3.

Conclusion

Bidart et Lavenu (2005) avaient déjà observé que la fin des études est un facteur important de diminution de la taille des réseaux et, inversement, que la poursuite des études peut en accroître la taille. On constate ici, à leur suite, de quelle manière les changements biographiques s’enregistrent dans la composition du réseau et comment cette composition, à son tour, influence, par les possibilités de lien, d’échange, d’accès aux ressources qu’elles permettent ou non, les transitions ultérieures. L’influence de l’environnement relationnel sur le parcours biographique se combine ainsi à l’influence du parcours sur cet environnement dans une dynamique de renforcement ou d’inflexion des parcours. L’action des sujets sur la composition de leurs réseaux se révèle être un mécanisme important, constitutif de réversibilité (Charbonneau, 2004) dans le parcours scolaire des jeunes adultes ayant participé à notre enquête, et susceptible de se retrouver au cœur de plusieurs autres bifurcations dans les parcours de vie.

La plupart des analyses de réseaux sociaux qui cherchent à expliquer les processus de sélection et d’influence posent l’affinité entre les personnes aux caractéristiques semblables comme élément favorisant leur rencontre et le renforcement du lien. Elles négligent, toutefois, la part de sélection des relations qui peuvent être effectuées, non pas en fonction des affinités actuelles, mais en anticipation et en soutien de modifications du parcours de vie, du projet, de l’histoire envisagée par le sujet. Bidart et Degenne (2005) rappellent que les réseaux personnels ont une histoire, et qu’ils sont fondés sur des histoires relationnelles. Alors que les mentions de l’importance des relations sont fréquentes dans les travaux sur les histoires de vie et les analyses biographiques, celles-ci sont encore rares à mobiliser les concepts et outils issus de l’analyse des réseaux sociaux ou à s’intéresser directement à la question de leur influence.  Les approches structurelles des réseaux peuvent éclairer les interactions entre les structures de relations et certains comportements ou attitudes qui guident les parcours biographiques. L’approche compréhensive complète cet éclairage, et peut permettre d’établir des ponts entre les ces deux domaines (analyse des réseaux sociaux et biographiques) et épistémologies (quantitative et qualitative) en offrant des clés pour saisir l’importance du sens donné aux relations dans le cadre des parcours et à la négociation du sens des bifurcations de parcours dans le cadre des relations. Le concept d’histoire partagée entre le sujet et les personnes avec qui il est en relation, et des dissonances susceptibles de s’immiscer entre ces histoires dans le cadre de bifurcations biographiques, permet de mettre l’accent sur le fait que les relations ne sont pas toutes interchangeables, qu’elles occupent des places différentes dans l’histoire passée et à venir des sujets et que ces différences teinteront en retour les différents modes de résolution des dissonances à l’intérieur de la dyade. Elle met aussi en lumière le rôle des anticipations, tant sur les parcours que sur la transformation des relations, notamment par le phénomène du grand ménage opéré dans le cadre de certaines bifurcations.

Références

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[1] Une version précédente de ce texte a été présentée au congrès de l’Association canadienne pour la science (ACFAS) à Québec (Canada) le 5 mai 2008. L’auteur tient à remercier Elena Pou de l’INRS-Urbanisation, culture et société pour la qualité de sa traduction en espagnol ainsi que les évaluateurs anonymes et les éditeurs pour leurs commentaires constructifs.

[2] Acheminer la correspondance à: Sylvain Bourdon Sylvain.Bourdon@USherbrooke.ca

[3] Les données proviennent d’un projet de recherche financé dans le cadre du programme d’Action concertée Persévérance et réussite scolaire du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC) financé par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec (MELS).

[4] On trouvera une comparaison des deux enquêtes dans Bidart, Bourdon et Charbonneau (2007).

[5]  Voir Pascarella et al. (2004) pour une revue sur le concept d’étudiant de première génération.

[6] Le nombre moyen d’alters pour ce groupe de jeunes est de 30.